CINEMA

CINEMA

Publié le 14/05/2018 dans ACTUALITES

 

 

 

AVENGERS INFINITY WAR
Thanos arrive...

 

Créature sans pitié, Thanos cherche à réunir les six pierres de l'Infini (espace, réalité, temps, pouvoir, esprit et l'âme) qui le rendront capable d'apporter un équilibre à l'humanité en éradiquant la moitié de sa population. Sur sa route, les Avengers et leurs alliés… Thanos, source en coulisses de nombre maux de l'équipe de super-héros, affronte enfin directement ses adversaires toujours déterminés à sauver le monde. Un adversaire redoutable malgré la ténacité des héros lors des scènes de combat au corps à corps parfois superbement chorégraphiées. La créature animée en motion capture est campée par Josh Brolin qui assure un ressenti de terreur par la voix grave qui accompagne des phrases sentencieuses sur ses vues nihilistes. Des 60 personnages à l'écran ressortent Iron-Man, Thor, le Dr Strange et les blagueurs Spider Man et Star Lord (toujours joué par le sympathique cabotin Chris Pratt). S'il est légitime d'être lassé après dix ans de films Marvel, les frères Russo assurent le spectacle. L'exaltation de valeurs nobles comme le sens du sacrifice et la force de l'amour peut toucher ou s'avérer exaspérante. Suite en avril 2019 pour répondre aux incertitudes de la conclusion.

 

 

 

Rampage - Hors de contrôle
Gare au Gorillezilla

David Okoye, primatologue au zoo de San Diego, s'est pris d'affection pour George, gorille albinos à qui il a appris le langage des signes. Suite à une expérience génétique qui tourne mal, George et deux autres animaux, un loup et un crocodile, deviennent des monstres géants et indestructibles, déterminés à ravager tout ce qui se trouve sur leur passage. Aidé d'une généticienne, David va tenter de sauver le monde sans faire de mal à son fidèle compagnon… Après les tremblements de terre de «San Andreas», Brad Peyton et Dwayne Johnson font à nouveau équipe pour un film catastrophe de grande ampleur, à défaut d'être vraiment original. L'acteur affiche à nouveau pectoraux et bonhomie communicative pour un divertissement spectaculaire, victime de blagues prévisibles et de personnages convenus. Au lieu d'assumer une franche dérision, le ton est un peu trop sérieux. La créature simiesque est dépeinte comme sensible et attachante, malgré les dangers de sa transformation en ersatz de King-Kong et Godzilla, plus humaine que ceux qui la traquent. Les bâtiments sont réduits en poussières d'un revers de la main ou de la queue avec des effets spéciaux plus ou moins convaincants.

 

 

 

Coup de coeur 

 

Présenté sous sa version d'origine de cinq heures au Festival de Locarno en 2015, Senses de Ryusuke Hamaguchi (****) a mis du temps à trouver sa place dans nos salles. Finalement découpé en trois films de cinq parties (nommés d'après les cinq sens) dont les sorties se succéderont du 2 au 16 mai, cette chronique de quatre amies à l'aube de la quarantaine est une œuvre profonde sur le Japon contemporain à découvrir absolument. Lorsqu'une d'entre elles annonce vouloir quitter son mari, les autres s'interrogent sur la réalité de la profondeur de leur lien et sur elles-mêmes. Un portrait dénué de clichés sur la place des femmes au sein de la société japonaise, les relations de couples, la découverte de soi et la difficulté d'assumer ses sentiments à voix haute. S'il n'est pas nécessaire de suivre un récit étiré sur une telle longueur pour comprendre des personnages, cette durée inhabituelle permet de prendre le temps de partager des épiphanies intimes et de plonger avec patience dans des vies bouleversées par un besoin de communication dont elles n'avaient pas conscience. Au bout, peut-être, une libération… Une fresque intime et sensible sur le sens de la vie à déguster patiemment, portée par quatre actrices débutantes mais si bouleversantes que vous n'êtes pas prêts de les oublier. Certains moments se déroulent quasiment en temps réel (un procès, un atelier de «remise en forme», une lecture publique…). Ryusuke Hamaguchi s'annonce comme un futur grand du cinéma contemporain. Il sera en compétition au prochain Festival de Cannes avec Asako I & II.

 

 

 

COMME DES ROIS
Un petit roi de l'arnaque

 

Joseph vit de ventes douteuses en porte-à-porte. Cet escroc de petite envergure a entraîné depuis longtemps déjà son fils Micka dans ses magouilles. Alors que son père craint d'être violemment expulsé par son logeur pour cause de loyers non payés, Micka commence à vouloir vivre ses propres rêves.
Le registre dramatique sied bien à Kad Merad qui incarne ici un bonimenteur usé, à qui il reste encore un fond d'habileté pour soutirer quelques dizaines d'euros à des clients de moins en moins naïfs. Il utilise ce «talent» pour les rouler sans prêter attention aux tentatives de son fils de s'extraire de son influence à la limite de la légalité. Joseph a clairement perdu le sens des réalités, risquant de mettre en danger sa famille au lieu de la protéger, comme il affirme vouloir le faire. Kacey Mottet Klein impose une sensibilité à fleur de peau qu'il sait aussi contenir. Sylvie Testud est l'épouse loyale et aimante malgré tout, mais elle est mise à mal par cette vie sur le fil. Xabi Molia ne transcende certes pas son sujet social naturaliste mais crée des personnages humains auxquels on s'attache malgré tout, avec un brin d'humour en guise de respiration.

 

 

 

Death Wish
Un nouveau justicier dans la ville

 

Paul Kersey, chirurgien à Chicago, est appelé d'urgence à l'hôpital. Sa femme et sa fille sont alors agressées à leur domicile. Profondément perturbé et excédé par la lenteur de l'enquête, il cherche les coupables. Bruce Willis reprend le rôle du «justicier dans la ville» de Charles Bronson et lui apporte, au moins dans un premier temps, une fragilité et une apathie inattendues. Son évolution est progressive malgré son passé lointain de bagarreur, son sacerdoce de médecin agissant comme un frein. Passer des beaux quartiers aux bas fonds n'est pas aisé et il fait preuve de maladresse, prend des coups, rate ses cibles ou se blesse en les visant. D'abord mal à l'aise avec les armes à feu, il est surpris de son aisance croissante et comme rassuré par les conversations sur son activité de vengeur sur les réseaux sociaux et dans les médias. Eli Roth navigue entre la tragédie sérieuse et les décalages humoristiques plus ou moins pertinents sur la violence en Amérique. Son point de vue est trouble sur la légitimité de la vengeance, plus complice dans son traitement que critique. Il fait d'ailleurs preuve d'une complaisance coupable dans l'expression graphique de la violence.

 

 

 

Gringo
Un cave se rebiffe

 

Préoccupé par les dettes accumulées par son épouse, Harold Soyinka ne se rend pas compte qu'elle le trompe. Pire encore, ses employeurs Elaine et Richard, à la tête d'un groupe pharmaceutique en pleine expansion, l'envoient au Mexique pour finaliser une importante transaction. Il ignore qu'ils sont mêlés à un trafic de cannabis médical et ont trahi un dangereux parrain local, fan extrême des Beatles. Pourchassé par des tueurs et un mercenaire à la solde de ses patrons, Harold va devoir apprendre à se rebiffer pour survivre et ne pas finir en prison. David Oyelowo incarne avec la mollesse adéquate un loser sympathique mais trop naïf pour ce monde cruel. Ce polar au cynisme assumé est réalisé par Nash Edgerton, frère de l'acteur Joel qu'il dirige en homme d'affaires sans scrupules. Il forme un duo de belles canailles avec l'impériale Charlize Theron en femme à poigne amorale, inventive dans ses actions pour gagner un maximum d'argent et se prémunir de la moindre conséquence. Ses répliques cinglantes donnent du sel à cette série B qui aurait gagné à se concentrer sur ce trio, plutôt que de s'encombrer de sous-intrigues dispensables et de seconds rôles à l'intérêt limité.

 

 

 

Pascal LE DUFF