CINEMA

CINEMA

Publié le 13/08/2018 dans ACTUALITES

 

Mission: Impossible - Fallout
Une équipe unie

 

Le Syndicat de Solomon Lane, arrêté à la fin de «Rogue Nation», a été démantelé mais des membres de son organisation font planer une menace nucléaire, afin de déstabiliser les grandes puissances. Le groupe Mission Impossible doit stopper ces «Apôtres». Tout en effectuant des cascades spectaculaires, notamment une impressionnante poursuite à moto dans les rues de Paris, Tom Cruise montre un peu plus de fragilité dans le rôle du super espion Ethan Hunt. Il peine parfois à se remettre d'une bagarre au corps à corps ou d'une lourde chute mais aussi à prendre des décisions radicales. Préoccupé par le sort de son équipe, il est incapable au nom du bien commun de sacrifier une vie pour en sauver un million. Le propos est trop souligné dans les dialogues explicatifs mais ce questionnement moral a le mérite de montrer un homme aux doutes rassurants. Ce volet de la série, toujours réalisé par Christopher McQuarrie, est moins innovant que le précédent mais reste toujours d'un haut niveau, avec une équipe fidèle attachante, constituée du vétéran Ving Rhames, présent depuis le début, du trublion Simon Pegg alias Benji et de la troublante Rebecca Ferguson.

 

 

 

Destination Pékin !
La grande traversée de la Chine

 

Trop orgueilleux, le jars Peng ne cesse de contester les décisions de son chef de patrouille. Par défi, il refuse de migrer vers la Vallée du Bonheur en même temps que le reste de la troupe, persuadé de pouvoir les rattraper en partant un jour après eux. Suite à un accident idiot, l'une de ses ailes est cassée. Il se retrouve contraint de les rejoindre… à pied. Ce dessin animé de Christopher Jenkins raconte un voyage assez amusant, classique mais fort distrayant grâce à son héros trop prétentieux. Son bon fond, caché sous son orgueil démesuré, sera plus qu'apparent durant son long voyage lorsqu'il deviendra involontairement la «maman» de Chao et Chi, deux petits canetons qu'il sauve de multiples dangers. Leur pire cauchemar est un chat psychotique doté de deux personnalités que l'on distingue par la couleur changeante de ses yeux : jaune à gauche et rouge à droite, sa face la plus inquiétante. Pour son premier doublage de film d'animation, le prestidigitateur et humoriste Éric Antoine donne du peps à ce héros caractériel qui rentrera dans le rang certes mais après avoir montré un sacré tempérament dans des aventures qui font parfois un peu peur, mais pas trop.

 

 

 

Une Valse dans les allées
L
'amour au supermarché

 


Christian est embauché comme magasinier dans un supermarché où il manoeuvre un chariot élévateur afin de remplir les rayons destinés à être vidés dès le lendemain. Rapidement, ce grand timide est séduit par Marion qui est mariée mais semble partager ses sentiments. Christian ne ressemble pas aux héros typiques de comédies romantiques et le physique de Franz Rogowski détonne dans ce registre. Son tempérament impétueux, caché sous une grande douceur, se devine dans ses attitudes et ses tatouages qu'il tente de cacher. Le décor quasi unique, un hangar de grande surface, est le microcosme révélateur d'une Allemagne de l'Est dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées. Ce cadre donne une dimension théâtrale au film, avec des rituels répétés nuit après nuit. La chronique collective de personnages meurtris et attachants prend le pas sur l'histoire d'amour quasi impossible avec l'indécise Marion jouée par Sandra Hüller («Toni Erdmann») au jeu toujours nuancé. La tonalité poétique est accentuée par une voix-off qui semble nous raconter ce récit a posteriori, ajoutant ainsi encore un peu plus de mélancolie à une histoire plus douloureuse qu'au premier abord.

 

 

 

Le Poirier sauvage
De belles paroles

 

De retour dans son village natal après avoir achevé ses études, Sinan hésite entre le métier d'enseignant et sa vocation d'écrivain mais le livre qu'il a écrit, «Le Poirier sauvage» ne trouve pas d'éditeur. Sa relation avec son père, joueur compulsif, est  plombée par de lourdes dettes. Palme d’Or en 2014 avec «Winter Sleep», le turc Nuri Bilge Ceylan est cette fois-ci reparti bredouille de Cannes avec ce nouveau marathon de trois heures. Le film est construit autour de dialogues foisonnants et parfois ardus mais il s'agit tout d'une déclaration d'affection entre un père et son fils qui peinent à comprendre qu'ils sont plus proches qu'ils ne le pensent. Murat Cemcir, alias le père de Sinan, fait preuve d'une très belle dignité dans le rôle de ce taiseux qui ne s'exprime qu'avec parcimonie sur ses sentiments les plus intimes. Les longues discussions du jeune homme avec son amie d'enfance, deux imams ou un écrivain reconnu permettent de belles réflexions sur l'amour, l'art, la religion, l'argent et les relations humaines. Le réalisateur dévoile aussi ses pensées sur son pays, les propos échangés dévoilant une société apte à juger rapidement ses composantes les plus fragiles.

 

 

 

Under the silver lake
Un délire psychédélique sous le soleil de Los Angeles

 


Sam, la trentaine, tombe sous le charme de la voisine du motel où il séjourne sans réel but, éternel glandeur dans l'ombre des vedettes d'Hollywood. Lorsque la jeune femme disparaît, il est persuadé qu'elle a été kidnappée. Il se lance dans une enquête aux ramifications mystérieuses. David Robert Mitchell (le film d'horreur «It follows») propose un film noir agréablement déviant qui s'inscrit dans les pas du David Lynch de «Mulholland Drive». Son héros agit comme un détective à l'ancienne, en plus nonchalant. Il est encouragé dans son appétit trop fort pour d'improbables théories du complot par un fan de comics et un compositeur qui revendique être le véritable auteur de centaines de tubes entrés dans le patrimoine. Andrew Garfield est drôle dans cette performance dégingandée, son visage trahissant la mollesse de caractère de l'éternel adolescent un brin antipathique qu'il incarne avec malice. Le trip agréablement iconoclaste se perd dans ses multiples digressions et son récit pour le moins décousu mais le voyage vaut la peine, notamment pour sa bande son vivifiante et une atmosphère psychédélique exaltante, au moins pendant sa première moitié. 

 

 

 

My Lady
La juge et l'ado

 


Fiona Maye est juge pour enfants à la Haute Cour de justice anglaise. Dévouée à son travail, elle délaisse son mari qui s'en plaint ouvertement. Sa rencontre avec un adolescent atteint de leucémie va remuer ses certitudes. Élevé dans une famille de témoins de Jéhovah, il refuse la transfusion qui pourrait le sauver. Contrairement à la procédure, elle lui rend visite pour décider si elle va le contraindre à se soigner. Emma Thompson incarne avec humanité une femme de loi qui doit agir dans l'intérêt supérieur des enfants, sans tenir compte de leurs opinions, de celles de leurs parents ou de ses propres sentiments. Les cas peuvent être douloureux, comme avec ce jeune homme têtu en qui elle se reconnaît. Le mari est joué par Stanley Tucci, d'une grande humilité et attachant en toutes circonstances. Fionn Whitehead, déjà remarqué dans «Dunkerque», est ce fiévreux patient qui troublera la quinquagénaire pas si froide. Ce mélodrame intime à l''empathie prégnante évite le côté film de procès et met en scène une femme de caractère à l'éthique rigoureuse soudain plus vivante. La grande douceur de la mise en scène certes trop sage submerge subrepticement autant les spectateurs que les personnages.

 

 

 

Pascal LE DUFF

 

 

 

 

 

 

 

 

Mission: Impossible - Fallout

 

Une équipe unie

 

 

 

Le Syndicat de Solomon Lane, arrêté à la fin de «Rogue Nation», a été démantelé mais des membres de son organisation font planer une menace nucléaire, afin de déstabiliser les grandes puissances. Le groupe Mission Impossible doit stopper ces «Apôtres». Tout en effectuant des cascades spectaculaires, notamment une impressionnante poursuite à moto dans les rues de Paris, Tom Cruise montre un peu plus de fragilité dans le rôle du super espion Ethan Hunt. Il peine parfois à se remettre d'une bagarre au corps à corps ou d'une lourde chute mais aussi à prendre des décisions radicales. Préoccupé par le sort de son équipe, il est incapable au nom du bien commun de sacrifier une vie pour en sauver un million. Le propos est trop souligné dans les dialogues explicatifs mais ce questionnement moral a le mérite de montrer un homme aux doutes rassurants. Ce volet de la série, toujours réalisé par Christopher McQuarrie, est moins innovant que le précédent mais reste toujours d'un haut niveau, avec une équipe fidèle attachante, constituée du vétéran Ving Rhames, présent depuis le début, du trublion Simon Pegg alias Benji et de la troublante Rebecca Ferguson.

 

 

 

Destination Pékin !

 

La grande traversée de la Chine

 

 

 

Trop orgueilleux, le jars Peng ne cesse de contester les décisions de son chef de patrouille. Par défi, il refuse de migrer vers la Vallée du Bonheur en même temps que le reste de la troupe, persuadé de pouvoir les rattraper en partant un jour après eux. Suite à un accident idiot, l'une de ses ailes est cassée. Il se retrouve contraint de les rejoindre… à pied. Ce dessin animé de Christopher Jenkins raconte un voyage assez amusant, classique mais fort distrayant grâce à son héros trop prétentieux. Son bon fond, caché sous son orgueil démesuré, sera plus qu'apparent durant son long voyage lorsqu'il deviendra involontairement la «maman» de Chao et Chi, deux petits canetons qu'il sauve de multiples dangers. Leur pire cauchemar est un chat psychotique doté de deux personnalités que l'on distingue par la couleur changeante de ses yeux : jaune à gauche et rouge à droite, sa face la plus inquiétante. Pour son premier doublage de film d'animation, le prestidigitateur et humoriste Éric Antoine donne du peps à ce héros caractériel qui rentrera dans le rang certes mais après avoir montré un sacré tempérament dans des aventures qui font parfois un peu peur, mais pas trop.

 

 

 

Une Valse dans les allées

 

L'amour au supermarché

 

 

 

Christian est embauché comme magasinier dans un supermarché où il manoeuvre un chariot élévateur afin de remplir les rayons destinés à être vidés dès le lendemain. Rapidement, ce grand timide est séduit par Marion qui est mariée mais semble partager ses sentiments. Christian ne ressemble pas aux héros typiques de comédies romantiques et le physique de Franz Rogowski détonne dans ce registre. Son tempérament impétueux, caché sous une grande douceur, se devine dans ses attitudes et ses tatouages qu'il tente de cacher. Le décor quasi unique, un hangar de grande surface, est le microcosme révélateur d'une Allemagne de l'Est dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées. Ce cadre donne une dimension théâtrale au film, avec des rituels répétés nuit après nuit. La chronique collective de personnages meurtris et attachants prend le pas sur l'histoire d'amour quasi impossible avec l'indécise Marion jouée par Sandra Hüller («Toni Erdmann») au jeu toujours nuancé. La tonalité poétique est accentuée par une voix-off qui semble nous raconter ce récit a posteriori, ajoutant ainsi encore un peu plus de mélancolie à une histoire plus douloureuse qu'au premier abord.

 

 

 

Le Poirier sauvage

 

De belles paroles

 

 

 

De retour dans son village natal après avoir achevé ses études, Sinan hésite entre le métier d'enseignant et sa vocation d'écrivain mais le livre qu'il a écrit, «Le Poirier sauvage» ne trouve pas d'éditeur. Sa relation avec son père, joueur compulsif, est  plombée par de lourdes dettes. Palme d’Or en 2014 avec «Winter Sleep», le turc Nuri Bilge Ceylan est cette fois-ci reparti bredouille de Cannes avec ce nouveau marathon de trois heures. Le film est construit autour de dialogues foisonnants et parfois ardus mais il s'agit tout d'une déclaration d'affection entre un père et son fils qui peinent à comprendre qu'ils sont plus proches qu'ils ne le pensent. Murat Cemcir, alias le père de Sinan, fait preuve d'une très belle dignité dans le rôle de ce taiseux qui ne s'exprime qu'avec parcimonie sur ses sentiments les plus intimes. Les longues discussions du jeune homme avec son amie d'enfance, deux imams ou un écrivain reconnu permettent de belles réflexions sur l'amour, l'art, la religion, l'argent et les relations humaines. Le réalisateur dévoile aussi ses pensées sur son pays, les propos échangés dévoilant une société apte à juger rapidement ses composantes les plus fragiles.

 

Under the silver lake

 

Un délire psychédélique sous le soleil de Los Angeles

 

 

 

Sam, la trentaine, tombe sous le charme de la voisine du motel où il séjourne sans réel but, éternel glandeur dans l'ombre des vedettes d'Hollywood. Lorsque la jeune femme disparaît, il est persuadé qu'elle a été kidnappée. Il se lance dans une enquête aux ramifications mystérieuses. David Robert Mitchell (le film d'horreur «It follows») propose un film noir agréablement déviant qui s'inscrit dans les pas du David Lynch de «Mulholland Drive». Son héros agit comme un détective à l'ancienne, en plus nonchalant. Il est encouragé dans son appétit trop fort pour d'improbables théories du complot par un fan de comics et un compositeur qui revendique être le véritable auteur de centaines de tubes entrés dans le patrimoine. Andrew Garfield est drôle dans cette performance dégingandée, son visage trahissant la mollesse de caractère de l'éternel adolescent un brin antipathique qu'il incarne avec malice. Le trip agréablement iconoclaste se perd dans ses multiples digressions et son récit pour le moins décousu mais le voyage vaut la peine, notamment pour sa bande son vivifiante et une atmosphère psychédélique exaltante, au moins pendant sa première moitié. 

 

 

 

My Lady

 

La juge et l'ado

 

 

 

Fiona Maye est juge pour enfants à la Haute Cour de justice anglaise. Dévouée à son travail, elle délaisse son mari qui s'en plaint ouvertement. Sa rencontre avec un adolescent atteint de leucémie va remuer ses certitudes. Élevé dans une famille de témoins de Jéhovah, il refuse la transfusion qui pourrait le sauver. Contrairement à la procédure, elle lui rend visite pour décider si elle va le contraindre à se soigner. Emma Thompson incarne avec humanité une femme de loi qui doit agir dans l'intérêt supérieur des enfants, sans tenir compte de leurs opinions, de celles de leurs parents ou de ses propres sentiments. Les cas peuvent être douloureux, comme avec ce jeune homme têtu en qui elle se reconnaît. Le mari est joué par Stanley Tucci, d'une grande humilité et attachant en toutes circonstances. Fionn Whitehead, déjà remarqué dans «Dunkerque», est ce fiévreux patient qui troublera la quinquagénaire pas si froide. Ce mélodrame intime à l''empathie prégnante évite le côté film de procès et met en scène une femme de caractère à l'éthique rigoureuse soudain plus vivante. La grande douceur de la mise en scène certes trop sage submerge subrepticement autant les spectateurs que les personnages.

 

 

 

Pascal LE DUFF

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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