CINEMA

CINEMA

Publié le 08/06/2017 dans ACTUALITES

 

Comment j'ai rencontré mon père
Mon vrai papa, c'est toi...

 

Enguerrand a été recueilli par Ava, avocate et Eliot, libraire. Mal à l'aise avec son statut de père adoptif, il ne cesse de rappeler à son fils ses origines africaines, empêchant ainsi leurs liens paternel et filial de s'affirmer. Lorsque Kwabéna, un migrant béninois de la même couleur de peau, débarque sur la plage, Enguerrand le prend pour son vrai père et le cache chez lui. Dans un premier temps, ses parents l'hébergent avant de tenter de l'aider à rejoindre l'Angleterre. Le réalisateur Maxime Motte («De l'autre côté du périph» ; «Les Naufragés») allie la douceur d'Isabelle Carré (qui sait se montrer agacée quand la scène l'exige) à la bonhomie teintée de fragilité de François-Xavier Demaison, dont le caractère étouffant a un effet négatif sur l'épanouissement de son enfant. Malgré le dévouement des acteurs, les parents comme le grand-père libidineux joué par Albert Delpy, il manque un brin de cohérence à cette comédie sociale qui évoque le drame des réfugiés avec une absence totale de réalisme. «Comment j'ai rencontré mon père adoptif» pourrait être le titre complet de ce film gentillet, relevé par quelques moments drôles.

 

 

Wonder Woman
Une Amazone farouche

1918. Les Allemands préparent l'arme parfaite pour gagner la guerre. Un officier américain vole leurs plans et s'écrase sur l'île de Themyscira, peuplée d'Amazones dont Diana, la fille de la reine Hippolyte. Elle accompagne le capitaine Steve Trevor pour sauver le monde libre. Enfin, peut-on s'exclamer ! Patty Jenkins est la première femme à réaliser un film de super-héros. Elle apporte un peu de sang neuf à un univers généralement plus glacial, celui des Batman et autres Superman. Sans exagérer la dimension féministe de ce modeste divertissement assumé comme tel, le regard porté sur les personnages féminins est plus complexe que d'habitude, leur pugnacité étant plus importante que leur apparence physique. Gal Gadot s'approprie le rôle de cette farouche guerrière déterminée à préserver la paix. Chris Pine (le capitaine Kirk de «star Trek») se laisse porter par les événements en espion amusé par sa partenaire mais surtout admiratif de son engagement. Une héroïne fracassante que l'on espère revoir, face à des méchants aussi réussis que la sinistre doctoresse défigurée par ses terribles expérimentations ou Arès, le Dieu de la guerre qui pousse les hommes à s'entre-tuer.

 

 
Ce qui nous lie
Une famille dans le raisin

 

Parti faire le tour du monde, Jean revient chez lui en Bourgogne car son père est mourant. Après dix ans d'absence, il retrouve sa sœur Juliette et son frère Jérémie qui gèrent la propriété viticole depuis son départ. Alors qu'il ne devait rester que quelques jours pour les vendanges, il ne parvient pas à quitter à nouveau la terre de son enfance et tente de resserrer ses liens distendus avec ses proches. Avec cette belle histoire de famille, Cédric Klapisch signe un film bouleversant sur l'amour, l'amitié, la fraternité et la paternité. On croit aux liens de cette fratrie dont les membres s'aiment mais se disputent, avant de se dire les choses restées tues pour mieux se retrouver. Ils sont campés avec justesse par Pio Marmaï, l'aîné tendu ; Ana Girardot, devenue la maîtresse des lieux mais toisée par des hommes qui pensent en savoir plus qu'elle sur un sujet qu'elle maîtrise parfaitement et enfin François Civil. Il est attachant en cadet effacé, notamment lors de deux scènes d'ivresse qu'il joue avec une précision hilarante rare mais aussi une émotion vive. Une nouvelle fois, Klapisch sait filmer les fêtes, comme s'il nous invitait à en faire partie au-delà de la barrière de l'écran.

 


La Momie
Tom Cruise est un Dieu vivant

 

Nick Morton, pilleur de tombes, libère malencontreusement la princesse Ahmanet, enterrée vivante au temps de l'Egypte antique après avoir passé un pacte avec le démon et exécuté sa famille. Accompagnée d'une archéologue, il va tenter d'empêcher cette Momie revenue de la mort de répandre le mal sur terre. Voici le premier volet d'une vague de films de monstres qui seront produits par Universal d'après les classiques de son répertoire, avant des relectures de la créature de Frankenstein et de sa fiancée, du loup-garou et autre homme invisible. Une impression d'immense n'importe quoi assez réjouissant domine ce film d'aventures qui accumule les références, trouve des croisés sous le métro de Londres ou un tombeau égyptien en Irak. La générosité dans les rebondissements force le respect, à condition de ne pas les prendre trop au sérieux. Tom Cruise joue avec son image avec ce personnage de «libérateur d'antiquités précieuses», aisément dominé par les femmes, physiquement comme mentalement. Russell Crowe s'incruste de façon improbable dans le rôle d'un docteur Jekyll à la tête d'une société secrète luttant contre les actions de créatures étranges. Du n'importe quoi, on vous disait...

 


Le Grand méchant renard et autres contes
Aventures à la ferme

 

Une cigogne paresseuse feint de s'être blessée pour ne pas remettre un bébé à ses parents légitimes ; un renard apprend à devenir méchant en kidnappant des poussins pour les dévorer ; quelques maladresses d'animaux bien intentionnés risquent de gâcher la célébration de Noël… Déjà coréalisateur de «Ernest et Célestine», Benjamin Renner transpose une bande dessinée dont il est l'auteur, avec un graphisme aux dessins épurés et vifs qui favorise le rythme et l'expressivité des personnages. Trois contes distrayants se suivent, interrompus par un intermède sur une scène de théâtre qui font des protagonistes des acteurs participant à un spectacle proposé aux spectateurs, comme si le film se fabriquait en direct sous nos yeux. Les mêmes personnages se croisent d'une aventure à l'autre dont un cochon bougon qui garde la tête sur les épaules, un canard qui ne sait pas nager et un lapin enjoué (tous deux bêtes et irresponsables), un chien de garde pas très impliqué dans la vie de la ferme ou un loup très méchant. Les plus petits s'amuseront des situations tendres et des gags délirants, les adultes d'un style riche en dérision digne des cartoons dynamiques de Tex Avery.

 


Free Fire
Fusillade en huis clos

 

Boston, années 70. Une vente d’armes dans un entrepôt désert. D'un côté, les acheteurs, dont les meneurs Chris et Frank ; de l'autre, les vendeurs avec à leur tête Ord et Vernon. Au milieu de ces personnalités d'origines variées (anglais, américains, irlandais…), la seule femme de l'assistance, l'intermédiaire Justine. Une dispute entre deux subalternes fait capoter la transaction... Ben Wheatley met en scène un chaos magistralement chorégraphié dans un espace clos dont il semble impossible de fuir. Ces gangsters pas très doués échangent des coups de feu qui font un peu mouche mais pas trop, dans une ambiance de jeu de massacre à la Michel Audiard. Au milieu de ces explosions de violence, les balles reçues font souvent moins mal que les petites blessures (bris de verre, échardes…) ou les vannes qui fusent entre, voire pendant, ces fusillades démesurées, preuve de l'immaturité généralisée. Certains tentent de calmer le jeu quand d'autres très en colère oublient l'enjeu de la rencontre. Un rejeton original des premiers films de Quentin Tarantino et Guy Ritchie où une bière pourrait presque apaiser un conflit que l'on peut voir – ou pas – comme une métaphore du conflit anglo-irlandais.

 

 

 

Pascal Le Duff