COLLINET - UN MAITRE DE L'ILLUSION

Publié le 21/12/2017 dans HISTOIRES FORAINES

 

COLLINET,

 

UN MAÎTRE DE L’ILLUSION

 

  

 

Parmi les grandes figures foraines du vingtième siècle dont L’Intermédiaire Forain et L’Inter Forain ont, en leur temps, dressé le portrait,  le … « Professeur » Collinet, fondateur de L’Alhambra des familles, un établissement qui fit les beaux jours des champs de foire durant la première moitié du vingtième siècle. Souvenirs, souvenirs…

 

 

 

Collinet est un nom qui brille de mille feux au Panthéon des Voyageurs. Avec son… « Alhambra des familles », un grand métier de 35 à 40 m de long sur 11 m de large qui pouvait accueillir jusqu’à 500 personnes installées face à une scène de 7x5 m, notre homme se faisait appeler « Professeur Collinet ». Pas moins !

 

A la foire aux pains d’épices, à Paris, où il montait son métier, le public s’enthousiasmait de le voir s’installer, avec son matériel que transportaient huit wagons de 8 mètres de long.
Collinet, qui passait indifféremment des fêtes foraines aux planches des plus grands music-halls parisiens (Empire, Olympia, Eldorado…), travaillait avec ses deux fils et présentait un certain nombre de numéros qui firent sa renommée.

 

Ses grands « trucs » étaient la lévitation, la cage d’or, l’apparition des bocaux de poissons, le décapité récalcitrant, et ses manipulations de cartes, etc. Il présentait aussi, au début des années 20, un numéro de… singes savants !

 

 

 

Méliès, à l’origine de sa vocation

Collinet, qui naquit en 1880 et dont les beaux-parents étaient des « théâtreux » (ils tenaient le Théâtre Maty), était encore sur la fête, en 1954, à l’âge de 74 ans. A Gaston Cony, alors rédacteur en chef de L’Inter Forain, qui le rencontra à cette époque pour le « journal Rose », il rappelait que Georges Méliès en personne, fut à l’origine de sa vocation d’illusionniste. En l’emmenant notamment au Théâtre Robert-Houdin voir son film « Voyage dans la Lune ». D’ailleurs, c’est là qu’il rencontra Carmelli (de son vrai nom Auguste Coëne) qui se produisait sur scène avant la projection et qui avait par ailleurs l’habitude de tourner sur les fêtes avec un théâtre ambulant (le Théâtre–Salon Carmelli).

 

Une rencontre décisive, puisque Collinet, qui se destinait à l’enseignement, devint l’ami et l’élève du célèbre illusionniste.

 

 

 

Cinématographe Collinet et Théâtre d’illusion

Deux ans plus tard, l’enseignement avait perdu un instituteur, mais le monde de la magie avait gagné un adepte de plus, et le « Cinématographe Collinet » qui parcourait les champs de foire de l’Hexagone se doublait d’un Théâtre d’illusion où passèrent bientôt tous les films de Georges Méliès. D’ailleurs, Collinet, qui fut un des premiers à diffuser les films du talentueux Méliès sur les champs de foire, disait être « le 1er opérateur (de cinéma) forain » !

 

Pendant la Grande Guerre, animant le Théâtre aux Armées, il dû abandonner son propre matériel à Arras où celui-ci fut entièrement détruit. Après l’Armistice, il se demanda s’il fallait reprendre la prestidigitation ou pas… Pour finalement décider de continuer en compagnie de son épouse, elle-même issue d’une longue lignée foraine. 

 

Quelques années plus tard, il exploita un… Autodrome, mais cette éphémère infidélité à l’illusion fut de courte durée puisqu’on le vit bien vite revenir à son Théâtre d’Illusion avec de grandes revues telle « Les Sept péchés capitaux », spectacle dans lequel chaque péché était, cela va de soi, une… «  illusion » !

 

A cette époque la « Grande revue magique » de l’Alhambra des familles ou Grand Théâtre Collinet occupait pas moins d’une vingtaine de personnes sur scène. Une véritable superproduction foraine

 

 

 

« Sorcier Blanc » en Afrique

 

Collinet fit ensuite de nombreuses tournées en Afrique où, comme au Sénégal, son talent de magicien  lui valut le surnom de « Sorcier Blanc ». Il revint en France quelque temps après pour retrouver les fêtes foraines, et ne décrocher du métier qu’au milieu des années 50, à l’âge de 75 ans. Il décéda quelques années plus tard, au début des années 60. Avec lui, disparaissait alors un des grands maîtres de l’illusion qui fit les beaux jours de nos fêtes foraines…