ERNEST BARREAU ET LIONEL L'HOMME LION

ERNEST BARREAU ET LIONEL L'HOMME LION

Publié le 26/10/2021 dans HISTOIRES FORAINES

ERNEST BARREAU,

UN PEINTRE UNIQUE EN SON GENRE

 

Ernest Barreau a vu le jour à Montauban avec des membres supérieurs tellement atrophiés qu’il fut privé dès sa naissance de l’usage des bras et de ses mains, si petites qu’elles en étaient inutiles. Aussi, il dût apprendre très tôt à se débrouiller seul. Dès l’âge de 7 ans, il s’évertuait à tenir un crayon entre ses doigts comme le faisaient ses petits camarades, mais comme il y arrivait difficilement, il eut l’ingénieuse idée de se servir de sa bouche pour tenir son crayon. En peu de temps et à force de volonté, il fit de tels progrès qu’il étonna son entourage !
En  1903, il obtint, non sans difficulté, d’être admis à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse où il décrocha son diplôme, une médaille et un prix ministériel. Son talent reconnu, il créa alors des modèles de couture, mais des soucis oculaires l’obligèrent à se tourner vers d’autres activités pour gagner sa vie.
C’est ainsi qu’il eut l’idée de s’exhiber sur les fêtes pour y présenter son étrange manière de peindre. Il partagea alors la vie des cirques voyageurs, et notre homme parcouru, des années durant, les champs de foire de France et de Navarre…

 

Le peintre sans bras

De succès en succès, les engagements se multiplièrent. Celui qui était alors connu comme le… « peintre sans bras », se servait de ses pieds pour manier les pinceaux et exécuter en quelques minutes des tableaux qui se vendaient aux enchères ou en loterie.

On le retrouva ainsi en 1923, travaillant au Cirque des Alliés, lors d’une grande tournée au Maroc et en Algérie, cirque dont il devint même le secrétaire après en avoir été à l’affiche comme artiste !

Car, est-il besoin de le préciser, ce talentueux peintre savait aussi bien écrire que peindre avec ses pieds !
Après de nombreuses tournées, Barreau, qui s’était marié ente temps, décida de s’installer à son compte et de se produire dans sa propre baraque sur les fêtes foraines, avec sa fille à ses côtés, qui lui tenait la palette de couleurs.

Le talentueux  Barreau ne changea pas pour autant la recette du succès : il peignait toujours ses toiles devant le public, dans sa baraque, et les vendait ensuite aux plus offrants. De quoi satisfaire tous les goûts car son inspiration était large, allant des scènes de vie foraines prises sur le vif au bled saharien en passant par les neiges vosgiennes, etc.

Bref, un artiste de talent dont certains d’entre vous possèdent peut-être, qui sait, une toile remisée au fond d’une malle ou d’un grenier….

 

 

LIONEL, L’HOMME-LION :

PHENOMENALE ATTRACTION DES ENTRESORTS !

 

Lionel, l’homme-lion, fut  la… « Star » des entresorts européens au début du XXème siècle. Portrait.

 

 

Né en Russie pour les uns, en Pologne pour d’autres (notamment pour Stéphane Pajot, auteur de l’ouvrage « De la femme à barbe à l’homme-canon »), le jeune homme que la presse avait  surnommé la… « phénoménale attraction du siècle ! », était exhibé sur les fêtes et foires d’Europe par le biais de son impresario Karl Seldmayer.

La presse de l’époque raconte une histoire assez abracadabrantesque – le mot n’est pas trop fort -, selon laquelle la mère de l’enfant-lion était enceinte quand son père fut dévoré par des lions.

Cette pauvre femme, qui avait assisté – effrayée - à la mort de son mari, accoucha quelque temps plus tard, suite à l’émotion provoquée par l’événement.

Résultat : à la naissance de Lionel, entièrement couvert de poils, un duvet comme de la soie, chacun de se demander si le nouveau-né est un être humain ou un animal ?

Quoi qu’il en soit, quelques années plus tard, Lionel se retrouvait sur les fêtes foraines où il se produisait comme « phénomène ». Bien portant, il parlait allemand et anglais, et gagnait confortablement sa vie en s’exposant à la curiosité du public dans un entresort qui faisait de sacrées « bourrées ».

Lionel se maria avec une jeune bavaroise avec qui il eut un enfant, et reçu la visite des professeurs Luschan et Virschow, ainsi que d’autres scientifiques venus constater de visu sa phénoménale et réelle chevelure de soie. Ce qui, ainsi qu’en atteste la photo, lui conférait un look étonnant. D’ailleurs, dans son ouvrage sur les phénomènes de cirque et de baraque foraine*, Stéphane Pajot suppose que dans « La Belle et la Bête », Jean Marais s’inspira de Lionel, l’homme lion. Ce qui paraît très vraisemblable.

Enfin, un article paru dans L’Intermédiaire Forain du 16 au 31 avril 1914 est un appel d’offre de son impresario, destiné à faire revenir Lionel, l’homme lion, sur les fêtes et foires de France et de Navarre, alors qu’il se produisait sur celles  d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique…

Il va même jusqu’à publier le boniment dans le « Rose ». Jugez-en :

« Lionel, l’homme-lion

Le favori des dames et des enfants

mi-homme, mi-lion

Vivant ! Vivant ! Vivant !

Nouveau pour la France !

La plus grande attraction qui n’a jamais vue le jour

Le plus formidable succès dans n’importe quelle ville d’Europe ! ».

Lionel disparu en Italie à l’âge de 42 ans victime d’un infarctus en pleine séance