FORAIN D'HIER : ARMAND GUERRE

Publié le 16/10/2017 dans HISTOIRES FORAINES

 

ARMAND GUERRE

 

DE LA « SPHERE D’ACIER » AUX OTARIES

 

 

Parmi les grandes figures de la fête foraine et du cirque dont L’Intermédiaire Forain et L’Inter Forain ont, en leur temps, dressé le portrait, Armand Guerre qui après avoir défié les lois de l’équilibre dans ce qui était l’un des tout premier « Globe Infernal » devint un des plus talentueux dresseurs d’otaries du XXème siècle.

 

Né à la fin du dix-neuvième siècle, Armand Guerre fut, ce qu’il est convenu d’appeler, un enfant de la balle. Son père était un as du trapèze volant, voltigeur dans la troupe des Montbard. D’ailleurs, c’est lui qui enseigna l’acrobatie au jeune Armand qui débuta à 14 ans dans un numéro  au tapis avec sa sœur. Quelques années plus tard, Armand Guerre fut aussi un des premiers à présenter, avec le Trio Guerre (avec son frère et son beau-frère Arthur Pinder), une poursuite infernale dans une  « Sphère d’Acier » à claire-voie. il fut même un des virtuoses du Mur de la Mort. Du moins jusqu’à ce qu’une fracture du péroné l’oblige à abandonner ce numéro.

Il est vrai que l’exercice était toujours  « border line ». Pour preuve, ce qu’écrivait Adrian -dans les années 50- dans L’Inter Forain :  « elle était si petite (la sphère du Globe Infernal), que son frère devait pousser la moto pour la faire démarrer. Ce qui l’obligeait ensuite à se tenir au centre de la boule et donc à se pencher tour à tour à droite et à gauche… Périlleuse position ».

 

Après avoir abandonné, contraint et forcé, le Globe Infernal, Armand Guerre monta un numéro d’otaries qu’il commença à présenter au Luna Park de la Porte Maillot, à Paris, où Hagenbeck présentait déjà un numéro du genre avec le « Pôle Nord ».
Très vite, il développa son numéro assisté de May son épouse (Catherine di Leo fille du virtuose cycliste Luigi di Leo (Maurice et May)) et devint rapidement le numéro vedette du parc d’attraction parisien. Il se plaisait à dire que le dressage des otaries s’approchait de celui des chiens, précisant :  « même s’il est deux choses qu’il est inutile de leur enseigner parce qu’elles les savent de naissance : la tenue d’objets en équilibre sur le nez et la jonglerie grâce à l’extraordinaire souplesse de leur cou ». 

 

 Il n’en expliquait pas moins que pour gagner l’amitié des otaries, il devait répéter quatre à cinq heures par jour pendant plusieurs mois et leur donner un poisson chaque fois qu’elles réussissaient un exercice.

 

En 1959, Armand Guerre se voit remettre la… Médaille de bronze de la ville de Paris lors d’une réception au Bal du Moulin Rouge .

 

Celui qui était aussi un grand amateur de guitares (il en possédait plusieurs dont une de Francisco Simplicio) travailla chez Ringling aux Etats-Unis, occupa la scène du Lido et de bien d’autres établissements avec Charlot, son otarie vedette pendant près de 22 ans. A la disparition de Charlot, Oscar devint la vedette du numéro. Oscar étant la première otarie à se tenir debout sur ses nageoires arrière et à marcher sur quelques mètres. De nombreux autres élèves d’Armand Guerre firent la joie du public. Qu’il s’agisse de Norma qui jouait l’hymne américain à l’harmonica, de Bonzo qui fumait la pipe…

 

Celui qui fut sans doute l’un des plus talentueux dresseurs d’otaries du vingtième siècle, fut fait Chevalier du Mérite National en 1978, et  prit sa retraite en 1982, à l’âge de 85 ans, suite à la mort d’Oscar, devenue l’otarie la plus célèbre de France.