FORAINS D'HIER : GEORGES MARCK

FORAINS D'HIER : GEORGES MARCK

Publié le 25/09/2017 dans HISTOIRES FORAINES

 

GEORGES MARCK,

 

ET LA… « MENAGERIE MONDAINE »

 

 

 

Georges Marck, fondateur de la… « Ménagerie Mondaine » était un sacré bonhomme dont chacun louait le talent et l’élégance. Au temps de sa gloire sur les champs de foire et les grandes scènes européennes, sa carrière et ses exploits ont fait l’objet de nombreux articles dans  L’Intermédiaire Forain et L’Inter Forain. Souvenirs, souvenirs…

 

 

 

Fils d’un négociant en spiritueux, Georges Marck, de son vrai nom Georges Marchand, né le 12 mars 1869 à Paris, ne descend pas d’une lignée de « voyageurs ». A  L’Inter Forain qui l’a rencontré en 1949, alors qu’il était âgé de 80 ans, celui que certains avaient surnommé le… « dompteur mondain » déclarait être entré pour la première fois en cage en 1892 et avoir pour devise « Rien ne m’arrête ! ».

 

 

 

Des débuts chez Adrien Pezon

 

Pour se moquer de lui, Adrien Pezon qui était son ami, lui avait dit qu’il ne resterait pas une minute avec Misco, un ours difficile. Qu’à cela ne tienne… le jeune Georges Marck entra alors dans la cage, vit la bête s’avancer vers lui, perdit quelque peu contenance, mais finit par s’en tirer honorablement.

 

Après quelques années passées du côté de la ménagerie de Jean-Baptiste Pezon, le jeune homme, très ambitieux, n’entend pas se contenter d’un rôle de second plan. C’est ainsi que le 16 novembre 1893, au cours d’une représentation privée donnée en son hôtel de la rue Dumont-Dorville, la danseuse Bob Walter exécute une danse serpentine sous la protection du jeune dompteur dans une cage où se trouvent deux lions et trois lionnes.

 

La ballerine et le belluaire (avec sa lionne Cassive) paraissent le même mois au Théâtre de la Gaîté dans « Les Bicyclettes en Voyage ». Légèrement blessé lors de la première, c’est le succès assuré : le public se presse pour les voir sur scène.
En mars 1894, nous les retrouvons de l’autre côté de la Manche, à L’Imperial Westminster de Londres, où les autorités britanniques veulent interdire le spectacle en raison du danger couru par Bob Walter. L’interdiction est levée, mais Georges Marck a quelques difficultés avec la Société protectrice des animaux britannique.

 

 

 

Naissance de la Ménagerie Mondaine
Revenus en France, ils prêtent leur concours à une fête de bienfaisance donnée à Angers. Et quelque temps plus tard, Georges Marck fonde l’ultra chic … « Ménagerie Mondaine » avec laquelle il va tourner sur les fêtes foraines de l’Hexagone. A Paris comme en province. Ménagerie Mondaine dont L’Intermédiaire Forain, prédécesseur de L’Inter Forain, écrivait alors qu’il s’agissait de « l’établissement le plus luxueux du genre. Pour sa réalisation, il avait su profiter d’une occasion exceptionnelle en acquérant le proto d’une ancienne ambulance-hôpital destinée aux Colonies, et refusée par le ministère intéressé ».
A l’intérieur de la ménagerie, Georges Marck alignait cinq voitures cages dont l’une servait de trait d’union entre les deux cages réservées au spectacle.
Sa collection de fauves n’atteignait pas 20 animaux, mais tous étaient de qualité. Tant au niveau de la variété que des espèces : lions, tigres, panthères, hyènes rayées, ours bruns, ours blancs, etc.

 

Bel homme, grand, bien bâti, Georges Marck en imposait, comme on dit. De plus, tout était bon pour faire parler de lui et attirer le public dans sa ménagerie. C’est ainsi, rapporte L’Intermédiaire Forain, que profitant que sa ménagerie était la seule présente à la fête de la place Daumesnil, à Paris, il organisa une soirée de gala au cours de laquelle il se fit élire… « Champion du Monde des dompteurs », par un vote du public, n’ayant comme concurrents que ceux qu’il employait dans sa ménagerie !!!

 

Quelques semaines plus tard, on le retrouva du côté de Denfert-Rochereau, à la fête du Lion de Belfort, face à la ménagerie d’Auguste Laurent qui, pour l’occasion, se drapa à d’une ceinture verte du… « meilleur dompteur » !

 

 

 

Champion, une sacrée bête !

 

La « chasse du feu » était le clou du spectacle de la Ménagerie Mondaine avec un travail en férocité comme c’était, hélas, encore la vogue à cette époque – le public venait voir si les fauves allait dévorer le dompteur. Son lion vedette était alors Champion, une bête avec laquelle il fit un sacré bout de chemin, même si leur parcours commun fut émaillé d’incidents.

 

Ainsi, en juin 1897, l’animal lui avait accroché le bras droit à la fête de Neuilly. Au Café Concert c’est une lionne, la Miss qui se fait remarquer à son tour. Quelques jours plus tard, une de ses pensionnaires, une panthère, s’échappe et bondit sur le plateau au cours d’une répétition semant la panique parmi les artistes.
Pendant l’Exposition Universelle de 1900, le belluaire mondain fait un stage à la Grande Roue de Paris.
En octobre de la même année, il est engagé à l’Hippodrome de la Place Clichy avec ses dompteurs Anna Darcy et Léontine de Soukos. Il succède au dompteur allemand Richard List, soulève l’enthousiasme du public mais, Champion faisant à nouveau des siennes, Georges Marck est une nouvelle fois blessé et l’engagement résilié.

 

 

 

Une mauvaise passe

 

Nous sommes au début du vingtième siècle. Mauvaise passe pour le dompteur dont les affaires vont mal et la ménagerie saisie. Il arrive toutefois a récupérer ses bêtes qu’il héberge sur l’Ile Robinson entre Asnières et Clichy.

 

1901 marquera son retour sur les fêtes foraines. C’est ainsi que, cette année-là, on le retrouve à la Foire aux pains d’épices et à la Fête de Neuilly, puis à la fête des Batignolles. Ce qui lui permet d’inaugurer une nouvelle Ménagerie Mondaine à la fête du Boulevard Richard Lenoir, à Paris. En 1902, la fête de Neuilly terminée et la ménagerie démontée, Georges Marck part en tournée en Belgique. Dès lors, sa carrière va alterner entre fêtes foraines et engagements au cirque comme au music-hall.

 

 

 

Engagements à l’étranger
En 1903, il triomphe au Coliseo Argentina de Buenos Aires (Brésil). En 1904, de retour à Paris, il s’associe à Romanus avec lequel il participe à un certain nombre de fêtes avant de rejoindre Edmond Pezon.
1905, il présente son entrée de fauves au Printania, le music-hall de la porte Maillot d’avant la création du Luna park.

 

L’hiver 1907-1908, il est à l’affiche du Cirque d’Hiver qu’il quittera pour une série d’engagements dans un certain nombre de music-hall et hippodromes.

 

Champion s’éteint en 1910 et Georges Marck part pour la Russie où il se produit en 1911 avant de revenir en France.
Cependant, il faut attendre 1920, et plus particulièrement la Fête de Neuilly, pour le voir reprendre contact avec la vie foraine. Cette année-là, il est engagé par Auguste Laurent pour une entrée en férocité qui se termine par un simulacre d’accident !

 

 

 

Des champs de foire à l’Expo universelle de 1937

 

La vie foraine l’a repris. Ainsi, en 1921, il reprend la route, associé à Léon Cornuet, avec le… Théâtre de la ménagerie foraine et « La revanche des fauves ». Une tournée qui le mène dans la plupart des grandes villes de France.

 

Après une nouvelle parenthèse au music-hall et au cirque, Georges Marck est de retour sur les champs de foire en 1931. Très précisément à la foire Saint Germain, place Saint Sulpice, à Paris.

 

1933, il est à l’affiche du Luna Park de la Porte Maillot.

 

On le retrouve ensuite dans le parc d’attractions de l’Exposition Universelle de 1937 où la comédienne Marlène Gray danse dans la cage sous l’oeil attentif du dresseur et de ses fauves. La fin de l’expo marque aussi la fin de sa carrière de dompteur. Georges Marck cède alors ses fauves au cirque Amar avant de prendre une retraite bien méritée, des cicatrices indélébiles sur les bras et le corps…