L'AMERICAN PHOTO

L'AMERICAN PHOTO

Publié le 10/09/2020 dans HISTOIRES FORAINES

L’AMERICAN PHOTO D’YERVANT NADJARIAN

 

Yervant Nadjarian, photographe forain, a longtemps tourné sur les fêtes et foires du Midi avec sa baraque, l’ « American Photo », que l’on retrouvait, par exemple, sur les allées Léon Gambetta, à la foire de Marseille, dans les années 50.

Yervant Nadjarian, né en Syrie et arrivé en France en 1928, pratiqua d’abord son art comme photographe ambulant sur les fêtes à une époque où il était très à la mode de se faire « tirer le portrait » dans la rue ou sur les champs de foire en famille ou avec ses amis. D’ailleurs, il acquit une solide réputation dans le Centre de la France où des années durant il parcouru fêtes et foires avec son matériel…  Cela, avant d’ouvrir sa baraque après-guerre. 

A Marseille, cet artiste photographe montait à la fête du centre ville (la Bourse) et à celle des Allées Léon Gambetta. La famille Nadjarian restant ainsi dans la région d’octobre à mars, car ces grandes foires de la cité phocéenne duraient alors près de deux mois chacune.

Y. Nadjarian montait aussi son… « American Photo » sur les petites fêtes de deux et trois jours des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse où ses décors peints faisaient sensation. Mais il était aussi « spécialisé » dans la photo d’identité « réglementaire » car, ainsi que l’a rappelé à L’Inter Forain son fils Henri, qui exploita des « Rotary » sur les fêtes et foires de la région parisienne de 1979 à 1985, « le port de Marseille connaissant alors un important trafic avec l’Indochine et l’Afrique du Nord, de nombreux militaires qui transitaient par la cité phocéenne se faisaient photographier. De plus, mon père tirait aussi les photos d’identité au format carte postale, ce qui leur permettait d’attester de leur passage à Marseille en adressant à leur famille en Bretagne, dans le Nord où ailleurs, un petit mot (sous forme de carte postale) – avec leur portrait ! ».

Une activité qu’Yervant Nadjarian exerça une vingtaine d’années avant de raccrocher comme beaucoup de photographes forains, victimes de l’arrivée des cabines de « Photomaton » qui se développèrent à la vitesse grand V dans les années 60.

Outre les photos d’identités et les cartes postales, Yervant Nadjarian fit aussi de nombreuses photos avec des décors qu’il transportait d’une fête à l’autre. Sur des panneaux de toile ou de bois étaient peintes de petites saynètes (en aéroplane, dans un décor onirique, etc.) avec l'emplacement des têtes des personnages évidé. La personne voulant se faire photographier passait derrière le décor, mettait la tête dans le trou prévu à cet effet, et se faisait « tirer le portrait ». Sur certains décors, plusieurs personnes pouvaient même se faire prendre en photo par Y. Nadjarian. Aujourd’hui, la technologie numérique a pris le pas sur le travail d’artisan - et d’artiste - de ces photographes qui, malgré leurs clichés en noir et blanc, faisaient la vie en couleur dans le cœur d’un public friand de ces photos que proposait l’ « American Photo » et bien d’autres photographes forains çà et là sur les fêtes de France et de Navarre