LA FOIRE DU LENDIT AU MOYEN-AGE

Publié le 24/05/2017 dans HISTOIRES FORAINES

 

FOIRE D’AUTREFOIS

A cette époque, la foire du Lendit
  était sans doute la foire la plus importante de la région parisienne. D’ailleurs, elle a largement contribué à la prospérité de l’abbaye de Saint-Denis. Chaque année, en juin, des milliers de personnes s’y rendaient pour commercer et se distraire…

 

C’est à cette époque (au Moyen-Age) qu’elle se développa ainsi que le rappelle Charles de Bussy, dans « Les forains à travers les âges », un ouvrage paru en 1930 aux éditions de L’Intermédiaire Forain : D’essence religieuse, cette fête, à son origine, avait eu pour raison « la vénération des saintes reliques et d’un morceau de la vraie croix, grand pèlerinage attirant la population de Paris, dans la plaine entre Saint-Denis et La Chapelle ».

 

Le jour de la Saint Barnabé

 

Elle ouvrait le 11 juin, jour de la Saint Barnabé, après que les pèlerins venus en procession de Paris se soient recueillis dans la basilique lors de la présentation de reliques, un fragment de la croix et un autre de la couronne d’épines du Christ. Tous ces pèlerins attiraient des marchands aux abords. Comme pour bien d’autres foires, le commerce se mêlait alors à la solennité du culte, pour tirer parti de l’affluence de fidèles réunis à ces occasions.

 

On y venait de France mais aussi de l'étranger. On y faisait commerce de toutes sortes de produits mais aussi de bestiaux et de chevaux. Une sacrée aubaine pour les moines de l’abbaye qui y vendaient les produits de leurs grands domaines agricoles et percevaient les taxes afférentes.

 

La vente de parchemin et de vélin importés d'Orient et dont l'exclusivité était réservée à l'université de Paris, se déroulait selon un cérémonial solennel. Pour entamer les transactions, le recteur se rendait à la foire suivi d'un immense cortège d'étudiants qui provoquaient un grand chahut. Ils finirent donc par s'y voir interdits.

 

La sécurité étant de moins en moins assurée, Henri II, par un arrêt de novembre 1556, transféra la foire à l'intérieur de la ville dans les halles de l'abbaye de Saint Denis.

 

Une foule importante s’y pressait. Une foule bigarrée qui parcourait la foire dans un effroyable tohu-bohu, entremêlé de concerts de flûtes, de tambourins et autres mirlitons, mais aussi d’injures et de rixes en tout genre.

Culte et commerce font bon ménage

 

Comme sur la plupart des foires qui se tenaient près des abbayes, le commerce vint se mêler à la solennité du culte. C’est ainsi que chaque année, le pèlerinage du Lendit devint une foire d’une semaine, puis de quinze jours, aussitôt après la Saint-Barnabé ; foire à laquelle se rendaient en procession le clergé de Paris et le Parlement. L’évêque de Saint-Denis l’ouvrait par une bénédiction.

 

Vers 1300, la foire du Lendit, alors à son apogée, était considérée comme un événement commercial majeur : on y venait de tout le pays et même de l’étranger car la ville était un lieu de pèlerinage. De nombreuses personnes s’y rendaient pour prier Saint Denis, premier évêque des Parisis, inhumé en ces lieux après son martyre. Les dévotions s’adressaient également à Saint Louis qui reposait aussi dans la basilique.

 

 

 

Une ville éphémère

Peu à peu, la foire grandit et le parvis de la basilique ne fut bientôt plus assez grand pour accueillir tous les marchands.

 

Au début du XIIème siècle, le roi Louis VI le Gros offrit des terrains  à l’abbaye pour qu’elle y tienne sa foire. Le nom Landy vient de là, de Lendit, contraction de Locus indictus, le lieu offert par le Roi pour la foire.

 

Ensuite, la prospérité de cette manifestation grandit au rythme du développement économique de Paris. Elle comprenait l’allée des drapiers, celles des tanneurs, des pelletiers, merciers, cordiers… D’autres portaient le nom des villes d’origine des commerçants qui y tenaient boutique sous de grandes loges de toile et de bois. L’abbaye les attribuait aux commerçants et percevait des droits de place, en louant également les lits, les coffres…

 

En 1415 on dénombrait 1 200 loges, et la foire du Lendit continua de prospérer. Son déclin accompagna celui de la ville de Saint Denis... Aujourd’hui, force est de constater qu’hormis la rue du Landy, plus rien n’indique que cette ville de la région parisienne a accueilli l’une des plus grandes foires du Moyen-Age, et c’est bien dommage !