LA FOIRE SAINT LAURENT

Publié le 16/01/2018 dans HISTOIRES FORAINES

 

LA FOIRE SAINT-LAURENT

 

 

 

Au cours de son histoire, Paris a accueilli jusqu’à six grandes foires. La foire Saint-Germain, la foire aux Jambons, la foire du Temple, la foire Saint Clair, la foire Saint Ovide, et la foire Saint-Laurent qui était l’une des plus importantes. Et qui, comme bien des foires avait une origine monastique. « Ainsi, celle de Saint-Ladre, dont l’autorisation pour une durée annuelle de huit jours fut donnée par Louis Le Gros aux religieux de la léproserie de Saint-Lazare », écrit Charles de Bussy, dans « Les forains à travers les âges ».  Cette foire Saint Ladre étant l’ancêtre de la foire Saint-Laurent

 

A l’emplacement de l’actuelle gare de l’Est

 

Cette foire s’étendait sur l’espace compris entre le faubourg Saint-Denis et le faubourg Saint-Martin, au-dessus de l’église Saint-Laurent, très précisément sur l’emplacement actuel de la gare de l’Est. Elle se tenait alors début novembre et ne durait que huit jours.

 

En 1130, Louis VII autorisa les Hospitaliers à l’ouvrir quand il leur plairait.

 

Interrompue pendant quelques années, Philippe de Valois l’autorisa à nouveau. Elle durait  aussi 8 jours et passa à 15 jours en 1616. Il fallut toutefois attendre 1663 pour qu’elle se tienne régulièrement.
Quelques années plus tard, la foire passa aux mains des prêtres de la Mission (1632). Elle ouvrait le 18 juin et fermait  le 29 septembre. C’était la foire la plus populaire de la capitale. On y trouvait un public divers et bariolé. Et si, toutes les classes sociales s’y côtoyaient, elle était incontestablement la plus populaire des foires parisiennes, celle où venait se divertir le peuple de Paris et des villages alentour...

 

Au Moyen-Age donc, la foire Saint-Laurent se tenait en extérieur sur des terrains vagues qui bordaient le chemin de Paris à Saint-Denis depuis le village de la Chapelle, jusqu’aux abords de Saint-Lazare. Il fallut attendre 1663 pour que de grandes halles y soient installées avec des loges qui firent le bonheur des participants. Commerçants et bateleurs…
Parmi les nombreux témoignages de l’époque, on sait que l’intérieur de la foire avait la forme d’un échiquier coupé par une rue transversale et pavée.

 

 

 

Guinguettes, bateleurs et  phénomènes…

 

L’un des principaux attraits de cette foire était ses cabarets et ses guinguettes qui ne désemplissaient pas. Dolet y accueillit des farceurs et des danseurs de corde, mais saltimbanques et bateleurs, montreurs d’ours, et marionnettistes y étaient aussi présents.

 

Les exhibitions avaient lieu à l’intérieur même de la foire, dans des loges louées à cet effet et installées à côté des boutiques des marchands.

 

En 1678, on y montrait un certain Louis Mondan, l’« Homme à deux têtes ». En 1689, Cadet, associé à Quetteville présentait « la Tête parlante », et on y vit, jusqu’en 1709, l’ « Homme sans bras » !

 

Ce n’est pas tout… En 1780, au chapitre phénomènes, le public y découvrait la « Femme forte », puis une « Géante » en 1784 !

 

En 1714, Charles Eggiber, dit Fort Samson s’y exhiba comme… hercule de foire alors qu’en 1727, Mignard présentait des tours de force et des numéros d’équilibre d’excellente facture.

 

A signaler aussi parmi les grandes attractions de la foire Saint-Laurent, les marionnettes de Nicolas Bienfait père qui y représenta plus de 150 pièces différentes.

 

Christophe Selle, élève de Maurice, ouvrit la foire en 1701 avec un spectacle de danseurs et de sauteurs de corde. On le retrouva à nouveau sur la foire en 1703 et 1706 dans des exercices étonnants, dansant avec des chaînes aux pieds et jonglant sur le fil avec des paniers…

 

Victime de la Révolution…

 

C’est à la Foire Saint Laurent que naquit notre Opéra Comique, et Favart y triompha dans « Les Trois Sultannes ». Mais les théâtres finirent par disparaître, interdiction leur étant faite de monter des spectacles avec dialogue. On ne les revit dans l’enclos Saint-Laurent qu’en 1778, mais la survie de la foire était comptée puisqu’elle ne survécut pas à la Révolution de 1789.

 

En 1835, un marché alimentaire fit son apparition sur son emplacement pour disparaître en 1840, balayé par la construction de la gare de l’Est et le percement du boulevard de Strasbourg. Des travaux qui firent disparaître à jamais les derniers vestiges de la foire Saint-Laurent, l’une des plus importantes foires de la capitale…