LA GROTTE AUX ONDINES

LA GROTTE AUX ONDINES

Publié le 17/10/2019 dans HISTOIRES FORAINES

 

 

LA GROTTE AUX ONDINES 

 

 

 

En feuilletant la collection de L’Intermédiaire Forain, ancêtre de L’Inter Forain, nous découvrons, au début de l’été 1926, un reportage de Gaston Cony, éminent marionnettiste parisien, sur de jeunes et jolies jeunes femmes dont les évolutions aquatiques et la beauté séduisaient alors le public masculin de nos fêtes.

 

« Sans quitter Paris, j’ai assisté à des prouesses nautiques qu’on voit rarement sur les plages les plus chics. Et c’était non loin de la Seine : à la fête des Invalides », écrivait alors celui qui, à l’époque, était aussi rédacteur en chef du «  journal Rose ».

 

Il s’agissait de… « La Grotte aux Ondines », une attraction créée par Mme Latouche bien des années plus tôt, et « revue » par Monsieur Latouche, grand maître ès-exhibition, spécialisé dans les phénomènes et curiosités en France comme à l’étranger.

 

En effet, une quinzaine d’années plus tôt, vers 1912, ainsi que le rappelle Jacques Garnier dans « Forains d’hier et d’aujourd’hui », les Latouche tournaient déjà avec les… « Ondines Sisters », deux jeunes et jolies anglaises qui évoluaient au fond de l’eau comme vous et moi sur la terre ferme, pelant un fruit, écrivant, cousant, dormant…

 

Sur un prospectus (on ne parlait pas encore de « flyer ») décrivant le spectacle, M. Latouche avait fait imprimer : « les plongées des Ondines sont réelles, aussi la Direction offre-t-elle 1000 francs à qui prouvera qu’il y a subterfuge ». Ce prospectus figure d’ailleurs parmi les illustrations du livre de Jacques Garnier.
Une quinzaine d’années plus tard donc, M. et Mme Latouche avaient repris ce numéro avec lequel ils tournaient sur les fêtes et foires de l’hexagone. Ce qui n’avait pas échappé à L’Intermédiaire Forain dans lequel on pouvait lire : « Aujourd’hui ce sont deux jeunes filles de la famille, Mlles Florence et  Gina, qui accomplissent sous l’eau et sous nos yeux, les plus curieux exercices. Figurez-vous un grand bassin circulaire contenant environ 5000 litres d’eau et dans lequel évolue les Ondines ».
Et quelles évolutions, sommes-nous tentés d’ajouter tant la presse de l’époque était dithyrambiques sur les prouesses de ces deux naïades !

 

Mlle Florence présentait au public une pomme et un couteau, plongeait dans le bassin, pelait la pomme et l’offrait à Mlle Gina qui la croquait au fond de l’eau. Un truc que le père Adam n’avait pas prévu !

 

Ensuite nos Ondines prenaient un mouchoir, du fil et des aiguilles et cousaient au fond du bassin assises aussi tranquillement que si elles étaient installées sur un banc du jardin des Tuileries… En général, leur exhibition s’achevait  sur le numéro du cigare. Ces demoiselles allumaient un cigare qu’elles fumaient – mais oui !- au fond du bassin, et les volutes de fumée surgissaient en bulles à la surface de l’eau…
Le spectacle terminé, elles sortaient de l’eau et, ô miracle, le cigare n’était pas éteint !

 

Bref, un numéro impressionnant qui connut un tel succès auprès du public que bien des années plus tard (dans les années 50 notamment), il voyageait encore –avec d’autres naïades - sur les fêtes, frairies, assemblées et autres vogues de l’hexagone…