LA LOTERIE PARISIENNE

Publié le 25/07/2023 dans HISTOIRES FORAINES

LA LOTERIE PARISIENNE

DE PIERRE VELDEMAN !

 

 

La… Loterie Parisienne, loterie qui offrait « de la joie, de la bonne humeur » comme cela était affiché au fronton de la baraque  a été un établissement incontournable des fêtes foraines jusque dans les années 60. Il est vrai qu’elle était animée par un sacré loteur, Pierre Veldeman, fils et petit-fils de voyageurs.

 

Une famille de voyageurs. Ses grands-parents paternels étaient des circassiens qui ont essentiellement tourné à l’étranger. Et son père, clown et spécialiste de la voltige équestre, né à Odessa, parlait plusieurs langues. Celui-ci travailla de nombreuses années au Cirque Zanfretta qui avait l’habitude –comme le Cirque Fanni- de monter chaque année à la foire au pain d’épices. C’est d’ailleurs là que les parents de Pierre Veldeman se sont connus. Sa mère et ses grands-parents (famille Poidevin) y tenaient un théâtre forain !

 

Du travail et de la patience. Le couple eut huit enfants, six garçons et deux filles, qui, comme tous les enfants de forains à l’époque, démarrèrent très tôt sur la fête… Très jeune Pierre faisait la parade ou accompagnait l’accordéoniste qui jouait en parade alors que ses sœurs dansaient le charleston.
A l’âge adulte, avec Odette, son épouse, Pierre Veldeman exploite une petite loterie qu’il a lui-même réalisée. Et sa sœur, Simone Almon, nous disait, il y a quelques années de cela, qu’au fil des années, «  à force de travail et de patience », son frère avait réussi à se faire construire deux voitures boutiques de onze mètres chacune qui, mises bout à bout, lui faisaient, avec les décors installés de chaque côté, vingt-cinq mètres de façade ». Ce qui pour l’époque était remarquable !

 

Le souci du détail. La loterie de Pierre Veldeman était ce qu’il est convenu d’appeler une « loterie à parade ». Ils étaient sept à tenir la scène : quatre danseuses et trois augustes, notre homme ayant repris les recettes d’animation de son père du temps où ses parents étaient loteurs. Avec l’art et la manière d’ « entrepper » les badauds pour vendre le plus de billets possible. Et vérité oblige à reconnaître qu’à ce petit jeu, notre homme était sacrément doué !

Il est vrai qu’il ne lésinait pas sur les moyens, et avait l’œil à tout… Ainsi, chez Pierre Veldeman,  en parade, on changeait de costumes cinq à six fois par soirée, enchaînant la polka, le french cancan, la danse acrobatique, la chaloupée, etc., avec pour chaque danse ses propres jeux de lumière…

Notre loteur avait beau travailler en famille, il fallait que tout tourne sans anicroche. Il faisait preuve d’une grande rigueur et voulait que tout brille. Un vrai maniaque de la propreté. Ne dit-on pas qu’il faisait essuyer la marchandise livrée pièce par pièce avant de la placer sur les étagères de la Loterie Parisienne. Sans compter les chromes toujours rutilants de ses convois, ni les bandes de pneus de couleur blanche qu’il repeignait régulièrement !

Mais, comme disent les anciens qui l’ont connu «  Pierre était un sacré loteur. Sa loterie, c’était sa vie ! ».

 

Le sens de la pub ! Un loteur qui avait un sens inné de la « réclame » comme on disait à l’époque. Il y a quelques années, nous racontant son frère loteur, Simone Almon évoquait l’arrivée en ville des convois Veldeman. L’anecdote vaut son pesant : « Quand nous changions de ville, et que nous étions prêts à arriver dans l’autre, il nous faisait arrêter sur un parking et mettait son groupe électrogène en route. Et comme parmi les convois, il y avait des citernes de 1000 litres, on redonnait alors un coup de propre à tous les convois, et il y en avait sept ! » racontait-elle, ajoutant : «  Le travail effectué, Pierre donnait le signal de départ, en veillant à arriver en ville vers midi, heure à laquelle –à l’époque- les ouvriers sortaient des usines. Ainsi, la publicité pour sa loterie était faite ! ».
 Est-il besoin de préciser que chez les Veldeman, la loterie est une affaire de famille puisque la plupart des frères et sœurs ont monté des loteries à parade.

Un parc enfantin à Barnéoud. Mais Pierre était toujours à la recherche du petit « plus », de ce qui allait améliorer sa boutique… Que ce soit des décors, des jeux de lumières, etc. Et cela jusqu’en 1962, année où Pierre arrêta la Loterie à parade pour monter un Grand Huit puis un Squaw Valley, mais ce n’était pas vraiment son truc. Aussi, il  ouvrit un parc enfantin à Barnéoud près de Marseille. Parc qu’il exploita pendant une dizaine d’années avant de le céder à ses neveux Franck et Willy, les enfants de Simone, avant de profiter d’une retraite active mais néanmoins bien méritée après tant d’années passées sur les fêtes foraines de Rouen, Fontainebleau, Lille, Le Havre, Amiens, Boulogne, Saint Germain en Laye (Les Loges) Caen et de bien d’autres villes encore…