LE PERE HAGUENIN, PREMIER AUMONIER DES FORAINS

LE PERE HAGUENIN, PREMIER AUMONIER DES FORAINS

Publié le 07/02/2018 dans HISTOIRES FORAINES

 

L’EGLISE ET LES FORAINS

 

LE PERE HAGUENIN, PREMIER AUMÔNIER DES FORAINS


 

Le père Bernard Bellanza, actuel aumônier national des forains a succédé au père Jean-Claude Demotta qui, lui-même, avait succédé à toute une lignée d’aumôniers nationaux dont le premier à se consacrer pleinement aux « Voyageurs » fut le père François Haguenin. Une « figure » de l’église et de la fête dont nous évoquons le souvenir et le sacerdoce.

 

 

 

En Juillet 1945 disparaissait le premier aumônier des forains. Et, dans L’Inter Forain de septembre 1950, Kiki Bourdier (fils de Charles Bouvier), né en 1881 à Pontoise, rendait hommage au père François Haguenin, décédé cinq ans plus tôt à Angers. Racontant sa première rencontre avec lui, il disait : « sa silhouette était étrange : maigre, cheveux blonds filasse sous un béret basque, soutane rapiécée couverte d’une longue pélerine, musette au côté, serviette sous le bras, le père Haguenin avait des yeux extraordinaires où se lisait la bonté, la volonté, la compréhension et l’amour de la corporation foraine… ».

 

 

 

Aumônier et ami des forains


Le père Haguenin avait deux titres : aumônier certes, mais aussi ami des forains, et il était vraiment l’un et l’autre, comme le sont aujourd’hui Bernard, Jean Claude, Gérard, Jean… aumôniers de la fête !

 

Dix ans durant, il parcourut les foires et fêtes de France et de Navarre. Il ne séjournait guère que quelques heures dans chacune des villes où il passait. Sa longue pèlerine, sa démarche fatiguée, son sourire sur un visage austère étaient célèbres sur les champs de foire où il connaissait toutes les familles de Voyageurs.
Né le 12 janvier 1900 à Toul, il était entré au noviciat des jésuites en 1919 et fut ordonné prêtre en 1932.
A Angers, où ses supérieurs l’avait chargé d’un centre d’enseignement par correspondance, il trouva sa voie à l’occasion du catéchisme qu’il enseignait aux enfants de forains.

 

On pouvait alors lire dans ses lettres : « les forains sont un curieux peuple à connaître ».

 

 

 

Une grande paroisse

En peu de temps, il les connut si bien et s’attacha tant à eux que les artisans de la fête obtinrent de le garder comme… « premier aumônier des forains de France », une paroisse dont il disait : « cette grande paroisse qui remue tout le temps ne me laisse aucun moment ».


 

Pourquoi l’aumônerie fut-elle alors basée à Angers ? Tout simplement parce que dans cette ville du Maine-et-Loire, les forains venaient régulièrement faire réparer leurs manèges, et plus particulièrement leurs sujets de « chevaux de bois », par des spécialistes qui avaient pignon sur rue. Presque tous les forains y passaient au moins une fois dans l’année…

Après la guerre, en décembre 1944, suite à une dizaine d’années d’incessants va et vient sur les champs de foire, le père Haguenin qui, entre temps, avec Mlle Prentout, avait créé et fait vivre un petit journal dactylographié, « L’Etoile Filante », sorte de lien entre l’aumônerie et les forains en tournée un peu partout en France, sent ses forces décliner.

 

 

 

Dix ans d’apostolat intense

En mars 1945, il s’adressait à tous les forains de France, via L’Etoile Filante », écrivant, ainsi que le rappelle le père Letourneux dans un magnifique ouvrage consacré au père HagueninEt forain avec les forains ») : « Je songe à ces dix ans que j’ai passé avec vous, ou plutôt chez vous, puisque je suis presque tout le temps dans vos familles : que de souvenirs très chers à mon cœur je garde de ces dix ans ! {…) J’ai voulu connaître votre vie ; moi qui n’étais pas né dans une roulotte, petit à petit j’ai appris à connaître la vie foraine, j’ai appris les termes du métier, j’ai été au courant des dates des foires et des différentes tournées ; surtout j’ai senti ce qui fait l’âme de la vie foraine (…) »
Malade, l’organisme épuisé, le père François Haguenin n’en continua pas moins d’assurer sa mission et de travailler à l’Etoile Filante, avant de mourir de fatigue, à l’âge de 45 ans, le 31 juillet 1945, après dix ans d’apostolat intense.

 

 

 

L’hommage des forains

 

La presse foraine titra alors : « Nous avons perdu un ami », « Un ami nous a quitté ». « L’Etoile Filante », bordée de noir, rassembla tous les détails de ses derniers jours et publia alors les souvenirs de chacun…

 

La douleur des forains, croyants ou non, fut immense. Tous lui portaient un grand respect. Ils obtinrent de l’enterrer dans le tombeau qu’ils lui avaient offert, et Charles Bourdier et Paul Pérès, au nom des forains de France, prirent la parole au cimetière pour adresser un dernier adieu à celui dont le tombeau porte cette épitaphe gravée sur la pierre : « A notre prêtre et grand ami qui s’est fait l’un d’entre nous pour mieux nous comprendre et nous aimer ».