LE PROFESSEUR LAMBERT

Parmi les grandes figures de la fête foraine du XXème siècle dont L’Intermédiaire Forain et L’Inter-Forain ont, en leur temps, dressé le portrait,  le… professeur LAMBERT, fondateur de La Ménagerie coloniale, un établissement qui fit les beaux jours des champs de foire avec sa joyeuse parade et son incroyable boniment.

Né le 23 décembre 1879 à Ervaux (Deux-Sèvres), le professeur LAMBERT a exercé de longues années sur nos fêtes foraines.
Toujours vêtu d’une saharienne couleur kaki, botté de cuir et coiffé d’un casque colonial, Joseph LAMBERT était une figure des champs de foire. Décoré de la Croix de Guerre (avec Palmes) 1914-1918, il dirigeait une baraque – la Ménagerie Coloniale – qui deviendra « L’école de dressage », et qui avait les allures des ménageries foraines de la grande époque, dont Jacques GARNIER a écrit dans « Forains d’hier et d’aujourd’hui », qu’elle était « très pittoresque » !

Williams l’aîné des enfants et Gervais (Jackson) l’aidaient dans sa tâche.  Quant à Freda, sa fille, elle y exécuta des danses serpentines.  Leur mère, épouse du professeur LAMBERT, était une ROBBA, dont le frère fut un célèbre funambule façon BLONDIN. Il passait sur une corde tendu à 20 ou 30 mètres de hauteur, les pieds liés, la tête recouverte d’un sac, en poussant une brouette…

Une grande tournée d’après-guerre…
En 1945, la Ménagerie Coloniale quitta Paris où elle tournait beaucoup, pour une tournée en Belgique, au Luxembourg, en Italie, Espagne, mais aussi en Algérie et au Maroc, où la famille LAMBERT rencontra Marcel CERDAN.
A son retour en France, la première fête où le professeur LAMBERT se réinstalla fut la Saint Romain, à Rouen, avant de reprendre, l’année suivante, la ronde des fêtes habituelles.
C’est ainsi, qu’à la fête du Lion de Belfort où encore à la Foire du Trône, le public pouvait découvrir en parade de la Ménagerie Coloniale des singes faisant des contorsions sur les balustrades, un petit poney Shetland remuant la tête pour répondre par oui ou par non aux questions qui lui étaient posées…

L’ami César et les singes en parade

Parmi les bêtes que le professeur LAMBERT aimait le plus, citons César, beau tigre de Sibérie mort de vieillesse dont il ne put jamais se séparer. Une bête dont « Jackson » disait que la famille LAMBERT ne l’aurait cédé à aucun prix, ajoutant au passage : «  C’était une bête extraordinaire avec laquelle j’avais mis au point un numéro réglé au millimètre : elle bondissait sur moi, la gueule ouverte, et s’approchait si près que je sentais le frôlement de ses moustaches sur mes joues ». César est d’ailleurs mort de vieillesse chez Gervais « Jackson », alors qu’à 96 ou 97 ans, son père, l’incontournable « Professeur LAMBERT», doyen des forains de l’époque, s’asseyait près de la caisse surveillant les facéties des singes à la parade.

Adieu monsieur le Professeur…

Décédé le 25 février 1978 à l’âge de 99 ans, à Montfermeil, le « professeur » se proclamait… explorateur, trappeur et dresseur de fauves. On pouvait d’ailleurs lire sur un prospectus de l’époque – distribué en 1970 à la foire du Trône - : « le seul établissement voyageant en France pouvant présenter au public des grands fauves de capture… » Quelques années auparavant, il parlait  de… « fauves capturés par lui-même en pleine brousse… ». Mais revenons en 1970, où il annonçait aussi  la présence d’un boa qui, « par sa grosseur et son poids peut étouffer un animal de l’importance d’un bœuf ». Pas moins !

Et celui qui annonçait sur le même prospectus, « 3 médailles d’or pour sa capacité de dresseur et de trappeur de fauves » avait – mais oui !-  organisé la célébration de son centenaire avant de disparaître. Cela, avec une légère avance sur le calendrier. Encore un clin d’œil de ce personnage indissociable de la fête, dont Lucien MOUCHET a réalisé en son temps une magnifique maquette de la Ménagerie dont nous publions la photo, ainsi d’ailleurs que celle de Janette MAITRET  avec les singes du professeur !