MIRAMAR, L'HOMME VOLCAN

Publié le 20/06/2017 dans HISTOIRES FORAINES

 

FORAINS D'HIER : MIRAMAR L'HOMME VOLCAN

 

De Georges Lequeux, dit « Miramar, l’homme volcan », tous ceux qui l’ont connu disaient que… tout ce qui était possible de faire en placarde, il le faisait !

 

Rien d’étonnant à cela, puisque c’était un banquiste, un vrai ! Qui, en 1925, créa un numéro de cracheur de feu dans la cage aux fauves, fut montreur d’ours dans un cirque, mais travailla aussi beaucoup dans la rue, en palc. Une célébrité de la rue, un vrai nomade de la placarde connut sur toutes les places de Paris, ou presque…  De Belleville à la Nation, en passant par la Porte de Montreuil où il possédait un terrain d’entraînement.

 

Le roi de la placarde

 

Il tordait le fer sur son biceps d’un violent coup de poing, mais  c’était aussi celui qui avalait la flamme, brisait les chaînes, soudait avec sa bouche comme un chalumeau, « crachait le feu » au milieu des lions du  « Cirque de plein air Ménagerie » qu’il dirigeait avec son ami Hoffmann. Bref, un bateleur hors pair du temps où les entresorts côtoyaient les ménageries foraines et les tapis des manieurs de fonte et autres bateleurs qui travaillaient alors en « palc ».

 

Jongleur, dresseur, montreur d’ours…

Son père, né à Donk, près de Bruxelles (Belgique), était un « voyageur ». Il fut tué en 1904, à Reims, dans un numéro entre homme et bête (l’ours Baribal). A sa mort, Georges fut recueilli par des artistes ambulants qui lui apprirent le métier. Il prit alors le nom de « Miramar », et fut tour à tour jongleur, acrobate, montreur d’ours et dresseur… Autant de métiers qu’il exerçait avec talent.

 

Mieux, il était capable de remplacer n’importe quel artiste d’une troupe dans les exercices ou numéros au programme. Bref, un « touche-à-tout » qui mena une vie itinérante jusqu’au jour où, à Charleville-Mézières, il fit la connaissance d’un contremaître des Grands laminoires de Mottan où il se fit embaucher. Georges « Miramar » Lequeux avait alors 17 ans.

 

Bien des années plus tard, il expliquait à L’Inter Forain combien ce travail lui fut profitable : « Nu jusqu’à la ceinture, comme un démon dans une chaleur terrible, je devais manier des blocs de fonte rougies à blanc. Voilà comment je devins, grâce à ma grande habitude du fer et du feu un des plus forts jongleurs dans mes numéros : les torches vivantes, le bolide de feu, le volcan humain, le chalumeau, la soudure autogène et feu partout ! ».

 

Et ce n’est pas parce qu’il maniait la fonte aux laminoirs que Miramar avait abandonné le palc pour autant. Il se produisait toujours çà et là, et était très connu à Charleville et dans la région où il fut grièvement blessé en 1933.

… Cracheur de feu et acrobate

Il quitta alors les Ardennes et revint sur Paris pour s’installer chez son ami Polasky, un dresseur gitan de la porte de Montreuil, qui possédait alors un lion et une lionne. Ce fut le début des productions de flammes dans la cage aux fauves. Miramar était le seul à réaliser ce numéro où les fauves, terrorisés, bondissaient au-dessus de sa tête, si bien qu’il finit par être blessé par un des tigres.
Au bout de quelque temps Georges « Miramar » Lequeux reprit son indépendance et parcouru champs de foire et places de villages sous le nom d’
Ydy, montreur d’ours, avant de revenir une nouvelle fois en région parisienne –son véritable port d’attache- pour y céder son matériel et son ours à un dresseur italien de la porte d’Italie.
Il se remit alors à se produire sur les fêtes de la capitale comme acrobate ambulant. Jusqu’en 1939. Après quelques années de figures et d’acrobaties en tous genres exécutées en palc – et avec talent-, sur le pavé de la Bastille, de Belleville, de Montmartre, ou les fortifs de la capitale, Ydy redevenu Miramar reprit la route avec le
Cirque Hoffmann où il  fut agressé par un lion et amputé du pied gauche. Se déplaçant avec des béquilles, il n’était plus question d’entrer dans la cage aux fauves.
Il n’en poursuivit pas moins sa vie itinérante, les bras toujours assez solides pour tordre une barre de fer d’un mètre de long et de deux cm d’épaisseur sur l’avant-bras, et la redresser sur ses biceps à coups redoublés !

 

Dernière tournée avec le Cirque Hoffmann

 

Ce diable d’homme qui savait tout faire prenait trop de risques. Des risques avec les fauves, nous l’avons vu, mais aussi avec ses autres numéros. D’ailleurs, son grand classique, le… « Volcan humain » lui joua un vilain tour. Cela se passait sur le boulevard de Clichy, à Paris, où il fut victime d’un retour de flamme qui lui brûla en partie l’estomac. Il fut contraint et forcé d’arrêter son numéro.
Mais, Miramar n’était pas homme à se décourager… Malgré ses béquilles et ses souffrances, il reprit une nouvelle fois la route avec un courage extraordinaire, et partit pour une dernière tournée à l’étranger avec le
Cirque Hoffmann. En octobre 1952, on apprenait son décès alors qu’il se produisait en Allemagne de l’Est. Disparaissait alors, à l’âge de 70 ans, un personnage haut en couleurs, un artiste de talent, dont le nom brille de mille feux au firmament des grands artistes forains aujourd’hui disparus…